Je trouve qu’on parle souvent de lien avec le vivant, en oubliant qu’en tant qu’êtres humain·es nous en faisons pleinement partie (ce qui est aussi pratique que dévastateur).
Comme lorsqu’un 8ème passager décime (presque) tout un équipage dans Alien, j’ai voulu raconter une histoire qui nous remet à notre place. Et cette place n’est évidemment pas au sommet de la chaîne alimentaire !
Pour Furtif magazine, j’ai imaginé une série sur fond de dystopie. Je vous invite sur une planète devenue invivable, où l’humanité a dû muter pour survivre. Changeant de particularités, d’aptitudes et de milieu, les créatures adoptent une nouvelle apparence ainsi qu’une nouvelle place dans la “chaîne alimentaire”…
Dans la mangrove, les algues sont sa cachette favorite. Bien qu’ayant un exosquelette, cette créature reste assez vulnérable : une seconde paire d’yeux dessinés à l’arrière de sa tête lui permettent généralement de dissuader ses prédateurs. Avec les cinq pinces présentes dans sa bouche, elle attrape minutieusement quantité d’invertébrés qui sont sa principale source de nourriture. Elle raffole de ceux présents sur les étamines des fleurs qui ondulent près de la surface de l’eau… à ses risques et périls.
Bien qu’elle soit aveugle, cette créature à la souplesse déconcertante se déplace avec beaucoup de précision.
Grâce aux ventouses présentes sur ses pattes, elle vit la plupart du temps la tête en bas, chassant au plus près de l’eau et usant d’astuces pour ne pas se faire remarquer. Sa langue, qui ressemble à s’y méprendre à une étamine de fleur, lui permet de pêcher très efficacement.
Son apparence végétale trompe ses proies qui ne l’imaginent pas carnivore. Sa force et son appétit lui permettent d’ailleurs de manger des créatures d’une corpulence similaire à la sienne. Très à l’aise dans la mangrove, elle ne semble pas ressentir la gravité et grimpe sans limite. La chaleur en revanche la fait souffrir : elle doit régulièrement placer sa queue fleurie au-dessus de l’eau pour réguler sa température corporelle.
Créature nocturne, elle affectionne particulièrement les grands arbres dans lesquels elle trouve refuge lorsque le jour se lève.
Les pattes de cette arachnide imitent presque à la perfection le toucher et l’odeur des arbres présents dans la mangrove et les forêts environnantes.
Contrairement aux araignées, elle n’a nul besoin d’une toile pour piéger ses victimes. La nuit tombée, elle plante ses griffes dans le sol et camoufle son imposant abdomen, allant parfois jusqu’à l’enterrer, puis attend patiemment le lever du jour. Elle prend alors un malin plaisir à emmailloter les créatures imprudentes blotties sur ses pattes, avant de les déguster longuement.
Une légende raconte que ce sont deux sœurs qui ont fusionné en une seule et même créature pour ne jamais avoir à se séparer.
Polymorphe, elle peut se déplacer en rampant grâce à un entremêlement d’organes longs et visqueux, ou bien déployer des ailes similaires à celles d’une chauve-souris pour s’élancer dans les airs. C’est la lumière du soleil qui lui permet de recueillir l’énergie suffisante pour se transformer.
Outre sa taille titanesque, on peut difficilement manquer ses deux bouches avides qu’elle pourvoie grâce à des tentacules très mobiles. Le fluide acide qu’elle transporte protège ses organes vitaux et crée une épaisse brume au contact du sol. Mieux vaut ne pas s’y attarder…